INfluencia : L’édition de VivaTech, qui vient de se clôturer, a été spéciale pour vous puisque vous avez été invité à participer à une table ronde avec Emmanuel Macron. Comment a été organisé cet échange et que représente t-il pour votre entreprise?
Vincent Huguet : J’ai été invité à participer à cette table ronde une semaine à l’avance. Comme souvent avec Maurice Lévy qui l’animait, tout s’est fait un peu à l’improviste. Avant d’entrer sur scène, nous ne savions même pas si les échanges allaient se faire en français ou en anglais. Pour Malt, être convié à ce type d’événement est toujours un symbole. Cela prouve que nous sommes reconnus comme une belle entreprise de l’écosystème tech en France.
IN. : Justement, que représente Malt aujourd’hui que vous avez co-fondé en 2013 et que vous dirigez toujours aujourd’hui ?
V. H. : Malt est la première plateforme européenne de mise en relation entre les freelances et les clients. Cette année, nous devrions franchir le cap du million de freelances inscrits sur notre site et nos facturations devraient atteindre le milliard d’euros. Nous employons 600 collaborateurs dans huit pays.
IN. : Comment a évolué la France Tech ces dernières années ?
V. H. : Récemment, un journaliste m’a fait réaliser que Malt a été fondée la même année que la French Tech. Je peux donc dire que cet écosystème a évolué au fil du temps. Le nombre d’entreprises a explosé, les fonds sont également bien plus actifs et l’Etat ne s’implique plus uniquement pour financer des start-ups car les entreprises publiques sont aujourd’hui encouragées à devenir leurs clients.
IN. : Cet essor se ressent-il à VivaTech ?
V. H. : Sans aucun doute. Cette année, il y avait vraiment beaucoup de monde. 165.000 visiteurs sont venus durant les quatre jours du salon qui regroupait 14.000 start-up présentes. Des gens du monde entier sont venus. Il y avait de nombreux stands de délégations étrangères comme celui de la Bavière où j’ai vécu. Ses représentants étaient venus en culottes de peau et en Dirndl, c’était amusant. Beaucoup de grandes entreprises comme LVMH et L’Oréal avaient également mis de gros moyens et leurs grands patrons sont venus quand le président ou ses ministres étaient de passage. De nombreux investisseurs avaient aussi fait le déplacement. VivaTech est vraiment devenu un énorme salon. C’est même un des plus denses que j’ai vu dans le monde entier.
IN. : Cet événement n’est-il pas devenu trop grand ?
V. H. : Je ne le pense pas. Il faudra peut-être à l’avenir réserver un pavillon de plus pour accueillir tout le monde mais VivaTech reste un endroit idéal pour rencontrer tous les acteurs de notre écosystème lors des trois journées réservées aux professionnels. Tous les événements qui sont organisés en dehors du salon sont aussi très sympas. C’est également très cool de voir le grand public aller aux stands lors de la journée qui leur est réservée. Ce salon attire aujourd’hui aussi bien les entreprises que les particuliers.
V. H. : Aucunement. L’IA était en effet partout cette année mais c’est tout à fait normal car tout le monde a compris qu’il se passe actuellement quelque chose d’énorme qui va bouleverser pas seulement le secteur de la tech mais l’ensemble de la planète. Aujourd’hui, tout le monde se cherche et on sent une réelle « hype » autour de ce sujet. Certains en font de tonnes. La période actuelle me rappelle celle de l’arrivée de l’internet lorsque toutes les entreprises collaient un « .com » à leur marque. Comme pour le web, l’IA permettra à certains acteurs d’émerger comme des leaders de ce secteurs, d’autres comme Malt l’utiliseront beaucoup pour améliorer leurs modèles et les derniers risquent d’être laissés sur le bas-côté de la route. L’IA représente pour nous une opportunité gigantesque.
IN. : Lors de votre échange avec Emmanuel Macron, vous avez beaucoup insisté sur l’importance de créer un « 28ème régime » afin de lever les barrières juridiques et administratives qui freinent l’essor des start-ups en Europe. Pourquoi ?
V. H. : L’idée est de passer de la French Tech à la European Tech. Le régime en France est, à mon avis, le meilleur en Europe et il serait bon d’en faire un modèle pour l’ensemble du Vieux Continent. Cela donnerait un coup de boost aux investissements. De plus en plus de monde commence d’ailleurs à en prendre conscience.